En 1209, Raymond VI Comte de Toulouse cède 9 de ses châteaux dont celui de Rocca Maura, à l’Eglise en signe de soumission à l’autorité du Pape. Une importante garnison placée sous l’autorité d’un châtelain veille alors sur la navigation sur le Rhône.
En 1229, le Traité de Paris donne toutes les terres du Comte de Toulouse au Roi de France à l’exception du Marquisat de Provence qui revient à l’Eglise en signe de soumission à l’autorité du Pape et devient le Comtat Venaissin.
Roquemaure est alors un important site royal dans la toute nouvelle sénéchaussée de Beaucaire et Nîmes. Bâti sur un éperon rocheux, il mesurait 90m de long sur 60m de large. Il comprenait 7 tours.
En 1244, ayant décidé de partir en croisade, Louis IX séjourne au château de Roquemaure en attendant que sa flotte soit prête dans le port d’Aigues-Mortes. Il met ce temps à profit pour faire construire une nouvelle enceinte au château.
Les maisons du quartier du château sont démontées et reconstruites sur la rive droite du fleuve où elles forment le nouveau quartier du château ou « quartier de Chateau-Neuf ». Le château de Roquemaure devient ainsi un des plus importants du Languedoc et sert de magasin-réserve pour les croisades.
En 1314, le Pape Clément V, 1er Pape Français et 1er Pape d’Avignon, quitte sa résidence habituelle près de Carpentras, pour retourner dans sa Guyenne natale. Il arrive bien malade au château de Roquemaure le 9 avril. Il y décède vraisemblablement le 20 avril. Sa dépouille est transportée à Carpentras où doit se réunir le conclave chargé d’élire son successeur.
En 1354, Gustave de Polignac, viguier de Roquemaure et Capitaine du château, fait creuser un fossé entre les remparts du château de la ville afin de se défendre du Prince de Gall, qui avance vers le Rhône.
De 1367 à 1380, le Duc d’Anjou, lieutenant du Roi, fait de nombreux séjours à Roquemaure, accompagné de son épouse, la Duchesse Marie de Blois. Il fait alors construire les remparts de la ville sur le modèle des remparts d’Avignon.
Le 4 septembre 1376, Catherine de Sienne vient au Château.
En 1590-1591, un siège militaire détruit la façade méridionale du château.
Mal entretenue, la place de Roquemaure perd progressivement de son importance pour devenir une prison au XVIIème s., puis une fonderie de plomb et d’argent vers 1770.
Le château est vendu comme bien national en 1795 et arasé avant 1850. Le rocher est alors transformé en carrière de pierres pour la construction des maisons de Roquemaure. Il ne reste aujourd’hui que 2 des 7 tours du château d’origine:
o La tour carrée dite « des Carthaginois« : véritable tour de guet, avec ses murs de 1.5m d’épaisseur, ses 3 niveaux habitables, et une terrasse sommitale pour contrôler le trafic fluvial et commercial sur le Rhône, culminant à plus de 40m de hauteur.
o La tour « de la Reine »: du nom de Marie de Bretagne, épouse du Duc d’Anjou, gouverneur du Languedoc. Elle possède une cage d’escalier hélicoïdal et une salle voûtée.
Présentation :
Clément V s’installa à Avignon en 1309. En 1310, il confia le bénéfice de l’église Ste-Marie (Notre Dame de la Purification, construite dans l’enceinte du château de Roquemaure) à Bertrand de Pouget, neveu de Jacques de Duèze, futur Jean XXII (second pape d’Avignon). Bertrand de Pouget sera promu Cardinal évêque d ‘Ostie en 1316. Jugeant l’église Ste Marie trop petite et peu commode, il décida d’en bâtir une autre sous le patronyme de St Jean Baptiste et St Jean l’Evangéliste.
Saint Jean Baptiste était le saint patron des vignerons de la Côte du Rhône et saint Jean l’Évangéliste celui des tonneliers.
Les travaux de construction de cette église débutèrent en 1329 sur un terrain appelé « Jardin du Roy ». Ces travaux durèrent un vingtaine d’années. Mais le cardinal avait vu trop grand et les Roquemaurois ne purent subvenir aux dépenses prévues. Les travaux cessèrent lorsque les murs, le chœur, l’abside et les deux chapelles du fond furent construits.
On recouvrit la nef d’une épaisse charpente. C’est au fil du temps que les autres chapelles furent construites. Les aménagements durèrent jusqu’au XIXème siècle. Dès 1321, un acte donnait la propriété de la future église à Bertrand de Pouget.
L’église fut ouverte au culte en 1335, puis élevée au rang de collégiale en 1346 par le Pape Clément VI, troisième pape d’Avignon. Bertrand de Pouget créa un collège de dix chapelains et deux diacres pour assurer le service de l’église. Ils étaient logés dans la Maison du Chapitre et pouvait se rendre directement dans l’église en passant par une galerie supportée par un arceau qui enjambait la rue entre la maison du chapitre et la collégiale. Galerie et arceau furent détruits au moment de la vente de la collégiale comme bien national après la révolution.
Intérieur de la Collégiale :
Au début du 14ème siècle, l’architecture romane (inspirée des romains) du Midi de la France subit l’influence du style gothique venu du Nord. Ce nouveau style n’est pas accepté d’emblé, si bien que nous avons un mélange des deux architectures que les historiens ont défini comme le gothique méridional.
Les bâtiments religieux construits dans le Midi de la France à cette époque subissent souvent l’influence des franciscains (disciples de saint François d’Assise) qui préconisaient un grand dépouillement dans la décoration des églises afin que pendant l’office, les fidèles ne soient point distraits.
Au Moyen Age, la collégiale n’était éclairée que par les fenêtres du chœur et l’oculus qui se trouve au dessus de l’abside. Toutes les fenêtres latérales ont été percées au XVIIème siècle y compris la rosace sur la façade.
Les chapelles :
Les chapelles latérales ont été construites au XVIIème siècle, soit par des corporations de métiers, soit par des particuliers. Pour cela, les murs de la collégiale n’ayant pas de rôle de soutien de l’édifice, ils furent percés et les chapelles construites entre les contreforts.
Au XIXème siècle, les toits des chapelles furent abaissés afin d’ouvrir une rangée de fenêtres latérales afin de donner plus de luminosité à l’édifice. La plus belle des chapelles est sans nul doute celle de la Vierge qui possède une voûte en étoile. Les parements en marbre de Carrare sont postérieurs (à partir de 1871). Sur les murs extérieurs de certaines chapelles sont sculptés les attributs de certaines corporations de métiers qui les ont édifiées à leur saint patron.
La chapelle St Jean édifiée au XVe siècle est la plus ancienne et abrite sans doute la sépulture de Jordan de Brès puisque en 1855, l’abbé Eugène Nicolas Petit Jean en découvre la pierre tombale.
Le plus beau joyau de cette collégiale est sans nul doute son orgue, un instrument construit en 1690 par les frères Jullien, facteurs d’orgues à Marseille, pour Notre Dame la Principale d’Avignon. C’est un instrument unique au monde classé monument historique au titre d’objet le 4 août 1972.
La collégiale de Roquemaure possède depuis toujours un orgue. Le premier- vraisemblablement un petit orgue de chœur – a été remplacé en 1663 au moyen des dons consentis par diverses confréries ainsi que du produit des sépultures de l’année. Réalisé par Jean de Farge originaire de Clermont Ferrand, il est installé sur une tribune construite entre la chapelle St Anne et la chapelle St Roch.
Et 1666 cet orgue fut remplacé par un orgue de la fabrique d’André Eustache. Cet instrument possédait un clavier de 47 notes, 10 jeux et deux chapes libres.
En 1822, l’abbé Joseph Maurice Gilles, originaire du Vaucluse, devient curé de Roquemaure. Il succédait à l’abbé Antoine Baissié, nommé le 17 mars 1805. On lui doit de nombreux travaux effectués dans la collégiale, depuis la voûte maçonnée qui couvre la nef et les contre allées à la réfection du pavé de l’église. En 1843, ces travaux terminés il rêve de faire réparer l’orgue de son église car écrit-il: « depuis bien longtemps il était question de faire aux orgues des réparations que tout le monde reconnaît être indispensables tant il était facile de s’apercevoir qu’elles ne raisonnaient que très imparfaitement ; que la poussière et la vétusté neutralisaient des jeux presque entiers et qu’elles finiraient par se détruire complètement si l’on n’y apportait un prompt remède ….. c’était pourtant un devoir de conscience de ne pas laisser plus longtemps dépérir un objet si précieux et d’une aussi grande valeur ».
Inconnu pendant plusieurs siècles, c’est à la suite de la découverte d’un devis pour le compte du Couvent des Cordeliers en Avignon (où objets, mobilier des églises auraient été stockés pendant la révolution) que l’identification a été faite entre ce document et l’instrument qui résonne dans l’église.
L’orgue des Eustache, brûlé lors de la tourmente révolutionnaire, a donc été remplacé par celui-ci qui a été sans doute vendu en Avignon comme bien national et alors acheté par le conseil de fabrique de Roquemaure peu avant 1800. Mais on ne possède aucun document tant sur la vente de l’orgue ou son transport jusqu’à Roquemaure où il est installé alors que la collégiale appartient à la famille de Prilly, l’édifice ayant été vendu en 1795 comme bien national.
La facture de cet orgue, dont certains éléments sont construits sur des techniques du Moyen-Age, en font un instrument d’une rare qualité et l’objet de curiosités et d’études d’organistes célèbres ou d’écoles de facteurs d’orgues. Avec ses 17 jeux et ses 1019 tuyaux, cet orgue contient certainement l’ensemble le plus important et le plus homogène de tuyaux connus du XVIIème s., posés sur le sommier d’origine, sans aucune modification.
De nombreux enregistrements, par des Maîtres Organistes, l’ont fait connaître dans le monde entier. Le buffet en bois de carolin, agrémenté de deux tours, date du XVIIIème s.
La chapelle, aujourd’hui située sur la route nationale 576 (route de Nîmes, à 2 km de Roquemaure), se trouvait autrefois sue la grande voie du Dauphiné au Languedoc, qui franchissait le Rhône à Pont-Saint Esprit, ou plus bas, par bac ou bateau. Sans doute très tôt, un petit édicule chrétien fut-il élevé sur les ruines d’une petite agglomération dont on a trouvé trace, tant par des poteries que par des sépultures.
Il semble que très tôt, sur cette même « voie » passagère, une petite chapelle ait été construite vers les XIIème et XIIIème siècles dans les champs qui entouraient la cité de Roquemaure.
Cette chapelle est un bien communal. En 1973, sous l’impulsion de Mlle Suzanne IMBERT, Reine du Félibrige de 1934 à 1941 fut créé l’association « Les Amis de la Chapelle Saint-Joseph-des-Champs et Monuments Historiques de Roquemaure », chargée de gérer le patrimoine et d’animer cet édifice religieux avec le concours de la Municipalité et de la Paroisse.
Chaque année est organisée la Fête Annuelle de Saint-Joseph, le Dimanche avoisinant le 19 mars.
En 1292, Marquis de MANDAGOTE, moine de l’abbaye de Saint André, est nommé Prieur de Sancti Salvatoris de Torcularibus.
Dans le quatrième chant, de son livre « Le château de Roquemaure » Placide Cappeau, qui composa le « Minuit, Chrétiens» indique que TRUEL, en patois «TREUI» est un hameau dépendant de la Commune de Roquemaure, qui tirait son nom de pressoirs à treuil pour les marcs de raisins et les olives, possédés jadis par les seigneurs ou par des ordres religieux.
L’église, très ancienne, qui avait un cimetière, au nord (actuellement plantation d’oliviers) aurait appartenu aux Templiers, de même que plusieurs propriétés voisines, entre autre une grande construction qui a un fort pignon sur l’angle sud-est, rasant une route déviée, et une source qu’on appelait la fontaine des moines (la font di mounié).
Cette église était le centre d’un prieuré qui fut d’abord uni à la mense monacale de Saint André de Villeneuve, et plus tard, selon la tradition elle avait appartenu aux Templiers, qui changèrent le vocable de Saint Sauveur en celui de Saint Pierre-ès Liens. Les chevaliers du temple en avaient fait le siège de l’une de leurs commanderies.
Au mois de Juin 1343, une bulle pontificale réunit le Prieuré de Truel à la mense abbatiale de Villeneuve, sous la charge d’une salmée de blé que l’abbé devait fournir à l’aumônier du monastère.
A l’intérieur de la chapelle se trouvent un claustra roman et une vierge en bois doré, classés